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Un article de Caroline Martin dans la revue Vision

Enseigner le cinéma expérimental et l’art vidéo aux jeunes. Deux exemples inspirants

« Il y a presque 10 ans, j’enseignais pour la pre­mière fois le ciné­ma expé­ri­men­tal et l’art vidéo à l’Université de Mont­réal. Crai­gnant le dés­in­té­rêt, voire l’ennui de mes groupes pour ce genre ciné­ma­to­gra­phique en appa­rence « dif­fi­cile », j’ai d’emblée déci­dé de pro­po­ser à mes étu­diants d’envisager ces pro­duc­tions mar­gi­nales pour ce qu’elles sont : des œuvres d’art contem­po­raines. Comme en témoigne l’histoire ; des roto­re­liefs fil­més de Mar­cel Duchamp (Ané­mic Ciné­ma1, 1926), en pas­sant par les Screen Tests2 de Warhol (1964-1966), jusqu’aux pro­jec­tions per­cu­tantes de Shi­rin Neshat (Tur­bu­lent3, 1998), le ciné­ma expé­ri­men­tal et l’art vidéo ne sont pas des pro­duits de grands stu­dios, mais bien d’ateliers d’artistes. Dans cette pers­pec­tive, mon approche péda­go­gique a favo­ri­sé la prise de conscience des sen­sa­tions pro­vo­quées par les images et le son plu­tôt que la recherche de sens. La démarche de l’artiste et ses expé­ri­men­ta­tions tech­niques ont occu­pé autant de réflexion dans nos dis­cus­sions que le pro­duit final. L’absence de récit n’a plus été syno­nyme de déroute, mais une explo­ra­tion for­melle du mou­ve­ment et de la lumière. Libé­rés de l’impossible ques­tion « Qu’est-ce que ça veut dire ? », nous avons pu nous inter­ro­ger sur le com­ment et le pour­quoi et sur­tout sur notre récep­tion sub­jec­tive de ces films. »